Après l'effort, le réconfort ... Itadakimasu !! [PV - Yoriko]

Date d'inscription : 13/05/2009

Finalement, Ayumi avait bel et bien modifié tout son programme de prévu pour cette soirée. Ouais, elle avait au départ planifié de se rendre à la bibliothèque du lycée pour lire un peu en attendant que le réfectoire ouvre. Au lieu de cela, elle avait eu droit à une rencontre pas terrible aux premiers abords avec une jeune fille dont elle savait maintenant l’identité, Kawasa Yoriko, qui s’était blessée en tombant dans les escaliers parce qu’elle était entrée en collision avec un élève. Un garçon qui était reparti, fier comme un coq, avec sa bande apparemment. Ayumi n’aimait pas ce genre d’attitudes, mais celle de Yoriko n’avait pas été louable non plus. Alors qu’elle avait voulu l’aider en lui demandant ce qu’il n’allait pas, Ayumi s’était faite jeter comme pas permis par une demoiselle bougonne. La jeune femme, vexée, était d’abord partie, mais même pas une minute après, était revenue l’aider de gré ou de force. Il fallait, encore une fois, montrer le bon exemple. Que ça pouvait être chiant … Mais après tout, Yoriko et Ayumi ne se connaissaient pas et la jeune fille n’avait pas l’air bien bavarde et à l’aise avec les autres, aurait-elle dénoncé sa camarade si elle était partie sans crier gare ? Aucune idée, et Ayu’ ne préférait même pas le savoir. Maintenant, elles étaient à l’infirmerie et donc la question ne se posait plus. Bah oui, Ayu l’avait traînée de force parce que l’autre enchaînait les refus. Enfin, j’exagère un peu.
Bref, tout ça pour dire que Yoriko avait accepté son invitation à partager une table pour le repas du soir. Oui, même si Ayumi n’avait pas apprécié la première impression qu’elle avait eu de la jeune fille, elle avait bien droit à une seconde chance, et partager son repas était une chose qui se faisait après tout …

« Ok, c’est d’accord. »

Voilà ce qu’elle avait répondu. Bon, en attendant elle était entrée dans l’infirmerie et Ayumi ne l’avait pas suivie, préférant stationner devant l’entrée. Les odeurs d’aseptisant et la vue sur les aiguilles toutes plus grosses les unes que les autres, très peu pour elle. C’est fou comme on rendait l’infirmerie tel un lieu horrible où on se fait torturer dans d’affreuses souffrances ! Alors que c’est juste une salle avec certes des cartons bourrés de matériel médical mais pas forcément à la vue des patients ! Imaginez, une fille un peu parano et peureuse qui voit une aiguille sous son nez et tombe dans les pommes … Hum, pas terrible après la réputation de l’infirmerie. Ayu’ voyait déjà le titre dans le journal du lycée : « L’infirmière expose son outillage effrayant pour faire fuir les élèves et les rend malades ». Ayumi rit à ces pensées totalement insensées. Au moins elle aurait le mérite de pouvoir dire qu’elle se changeait les idées en attendant que Yoriko ait fini de se soigner.

L’heure tournait, à présent le réfectoire avait ouvert depuis un bon quart d’heure et si sa nouvelle connaissance ne se hâtait pas un peu, elles risquaient d’avoir des problèmes de place, et passer en dernier le soir, la demoiselle n’y courait pas après. Le dîner était sans doute le repas de la journée pendant lequel elle avait le plus faim.
Yoriko sortit enfin, alors qu’Ayumi s’apprêtait à partir, pensant qu’ils allaient la garder pour la nuit. Quand même, pour un coude écorché, ce serait peut-être exagérer, non ?

« Je vois que ça va mieux ! »

lança-t-elle en lui adressant un sourire.

En effet, la concernée semblait moins pâle et un gros pansement masquait sa blessure. Toujours plus efficace que sa main valide, comme ça elle pourrait s’en servir. La blessure avait sans doute cessé de saigner car aucune tâche n’avait traversé la compresse. Oui, Ayumi-chan était observatrice !
La jeune femme esquissa un mouvement, l’air de dire ‘on y va’ ? Et elle se mit en route. Elle se retourna pour voir si l’autre suivait et il se trouvait que oui. Son estomac réclamait à manger et certainement que celui de Yoriko aussi, vu comme il avait grondé tout à l’heure. Elle n’avait pas relevé sur le coup mais là elle venait de s’en souvenir.

« Allez, let’s go ! »

fit-elle, enthousiaste.

Oui, notre jeune femme avait retrouvé son dynamisme car elle avait mis de côté ses problèmes personnels. Ce soir, elle allait manger en compagnie de sa nouvelle connaissance, et peut-être se découvrir une nouvelle amie ! Elle qui n’en avait eu qu’un jusqu’à ce jour, peut-être qu’à sa dernière année de lycée les temps changeraient … Et elle l’espérait, parce qu’actuellement, si elle ne devait compter que sur l’amitié de Daisuke, elle risquait de se sentir seule, après ce qu’il lui avait fait … Non parce que bon, le temps avait certes passé mais Ayumi n’oubliait en aucun cas ce qu’il s’était passé. Si le temps avait pu s’arrêter après qu’il l’ait embrassé … Non, il avait fallu qu’il lui dise qu’il avait joué avec elle, et elle qu’elle le frappe … Ah triste sort. Pour l’un comme pour l’autre. Elle espérait que ses dernières paroles lui feraient effet.
A force de rester plongée dans ses pensées, les deux adolescentes étaient parvenues jusqu’au réfectoire qui au final n’était pas si loin de l’infirmerie qu’elles venaient de quitter. Comme elle s’y attendait, Ayumi constata qu’une queue monstre s’était formée au niveau du self. Hum, il allait falloir trouver un sujet de discussion pour patienter. Au lieu de ça, Ayu’ se contenta de râler …. Comme d’hab quoi !

« Haaan, Ce monde !! C’est inhumain … J’ai faiiiim ! »

D’habitude, Ayumi avait plus de tact. Mais son estomac avait pris les commandes, elle ne pouvait plus répondre de rien lorsqu’elle avait trop faim.

Yoriko n’avait même pas attendu de voir si Ayumi avait une quelconque réaction, ou autre chose à rajouter avant d’entrer dans l’infirmerie. Pièce dans laquelle la jeune fille rentra seule, apparemment sa nouvelle connaissance avait préféré l’attendre dehors. Ce qui d’une certaine manière arrangeait bien Yoriko. Il fallait qu’elle réfléchisse. Cette jeune fille qui patientait en attendant son retour avait réussi à tout retourner dans sa tête, créant un chantier pas possible dans son esprit. A tel point qu’elle se sentait complètement perdue. Elle devait certainement avoir l’air au bord du malaise parce que l’infirmière vient la voir inquiète en la forçant à s’assoire, de peur de la voir tomber là. Remarquez, le fait qu’elle ait toujours une blessure ouverte dont la douleur se faisait toujours sentir ne l’aidait pas du tout à se remettre les idées en place. Cependant, elle s’expliqua calmement sur le pourquoi elle était venue ici et l’infirmière entrepris de désinfecter la plaie.

La jeune fille essaya de faire abstraction de son bras pour se concentrer sur ce qu’elle ressentait. Bizarrement, elle se sentait coupable…et en même temps tiraillé. Une partie d’elle lui criait de s’ouvrir et de faire confiance aux autres, ou en tout cas d’être un peu moins méfiante. De leur laisser une chance de la connaître vraiment. Et l’autre partie d’elle lui disait de ne pas se laisser avoir. A bien y réfléchir, c’était de la peur qu’elle ressentait. Peur se faire avoir encore une fois, peur d’être déçue. Elle n’arrivait décidément pas à se défaire de son passé…et puis même sa vie actuelle ne l’aidait pas non plus à faire confiance aux autres et à croire qu’on pouvait l’apprécier pour ce qu’elle était vraiment et non pas pour ce à quoi elle pourrait « servir ». Si on observait sa vie en profondeur, son malaise venait de son père. C’était ça…c’était lui qui la terrifiait. Et rien que de penser aux prochaines vacances durant lesquelles elle devrait rentrer auprès de lui, suffit à la faire trembler. Oh bien sûre l’internat restait ouvert pendant ces périodes, mais elle savait que son père viendrait l’y chercher de gré ou de force. Et elle ne pouvait en parler à personne. De toute façon, qui la croirait ? Personne.

Alors qu’elle venait d’arriver à cette conclusion, elle sentit le pansement se poser sur son coude. La douleur s’était peu à peu estompée, laissant place à un petit picotement. Elle remercia l’infirmière pour ses soins et se leva, prête à rejoindre Ayumi qui devait certainement s’impatienter depuis le temps qu’elle était à l’intérieur. La jeune fille semblait de bien meilleur humeur, elle l’accueillie même avec un sourire que Yoriko était incapable de lui rendre. Oui elle allait mieux, si on ne parlait que de son coude évidement. Et son étourdissement était passé. Physiquement oui, elle allait mieux. Mais Ayumi semblait bien loin de se rendre compte que dans la tête de Yoriko, s’était un vrai champ en ruine. Pour unique réponse à la remarque qu’elle venait de lui lancer, Yoriko se contenta d’hocher la tête dans un signe affirmatif.

Ayumi lança une autre réplique enthousiaste avant que les deux jeunes filles ne se mettent en marche. Yoriko avait l’impression de la suivre comme un robot. L’autre jeune fille sembla se perdre dans ses pensées. Ce qui lui permettait de ne pas avoir à parler. Et bizarrement, pour la première fois depuis longtemps, Yoriko ressentit vraiment la solitude. Oui, pour une fois, elle était en compagnie de quelqu’un, mais elle se sentait vraiment seule. Elle se surprit à se demander ce qu’Ayumi pouvait bien penser d’elle, ou même pourquoi elle avait préféré rester avec elle au lieu d’aller rejoindre ses amis.

Elle était en train de fixer la jeune fille du regard quand elles arrivèrent au réfectoire. Et ce qui leur sauta aux yeux à toutes les deux, s’était le monde déjà présent, signe qu’elles allaient devoir patienter un long moment avant de pouvoir manger. Mais Yoriko n’eut même pas le temps d’esquisser un geste ou une parole qu’Ayumi avait déjà trouvé le moyen de se plaindre. Pour le coup, Yoriko ne pu s’empêcher de se retourner vers elle, la regardant avec des yeux ronds, exprimant sa surprise et son étonnement face à cette réaction à laquelle elle ne serait jamais attendue. Yoriko finit par secouer la tête, comme pour se sortir d’un rêve et reposa un regard un peu moins ahuri sur la jeune fille.

-Gomen ne ! C’est de ma faute si on est en retard.

Non, personne n’était en train de rêver, Yoriko venait bel et bien de s’excuser. Voilà une nouvelle chose qui ne lui était plus arrivée depuis longtemps. Il faudrait peut-être qu’elle pense vérifier si elle ne s’était pas prise un sérieux coup à la tête dans sa chute. Elle finit par détourner les yeux d’Ayumi, les fixant sur la fille d’élèves. Ils leur restaient plus qu’à les rejoindre et à patienter, comme tout le monde. A moins bien sûre qu’Ayumi ne trouve un moyen de leur épargner ça, mais elle ne voyait pas du tout comment une telle chose serait possible. Restait aussi à espérer que l’estomac de Yoriko tiendrait jusqu’au bout, parce qu’elle ne tenait pas à se sentir à nouveau mal à force de le sentir se contracter sous la faim.

-Il ne nous reste plus qu’à attendre.

C’était précisément le genre de phrase dont on se passait bien dans ce genre de situation, mais Yoriko n’avait pas su la retenir. Bah ce n’était pas bien grave de toute façon, elle se contenta de hausser les épaules avant d’aller se mettre au bout de la fille avec Ayumi à ses côtés. Yoriko se mis alors à se mordiller la lèvre inférieure. Certaine qu’avec tout le temps qu’il leur restait à attendre, elle ne pourrait échapper à une discussion avec l’autre jeune fille.

Date d'inscription : 13/05/2009

« Gomen ne ! C’est de ma faute si on est en retard. »

Ayumi la regarda. Timide et fermée comme elle l’était, elle n’aurait jamais imaginé que Yoriko pusse présenter des excuses de les avoir mises en retard à cause de son long séjour à l’infirmerie. Il fallait relativiser, il avait largement pire que de devoir faire la queue dans la file d’attente du réfectoire ! Par exemple, Ayu’ était ravie de ne pas s’être retrouvée avec la vilaine blessure de celle qui lui tenait compagnie. Et puis il avait d’autres choses encore plus graves, par exemple le cas de Yusuke, le frère de Kaoru. Elle lui avait expliqué l’autre fois lors de leur heure de libre en début d’après-midi qu’il avait redoublé parce qu’il était tombé malade. Il avait raté des mois de classe et même en étant un brillant élève, il avait manqué la session des examens et celle de rattrapage et avait dû repiquer sa terminale. Donc, bon, il y avait largement pire qu’une égratignure au coude et une gigantesque file d’attente dans le réfectoire. Oui, sans rire, il fallait avouer que c’était un peu l’heure de pointe quant au repas du soir et en général Ayuyu se débrouillait toujours pour arriver un peu avant l’ouverture de la salle et être dans les premières. Ensuite elle gardait une place pour Daisuke et ils allaient manger … Mais là elle n’avait aucune envie de lui parler. Depuis l’entretien désastreux au terrain de Basket, il était hors de question pour elle de lui réadresser la parole si vite ! Alors la compagnie de Yoriko semblait la bienvenue, et permettrait aux deux jeunes filles de se connaître davantage, parce que la première impression n’avait pas été terrible ; Yoriko, froide et solitaire, avait parlé sèchement à la jeune femme et cette dernière en retour s’était énervée et s’était comportée de ce fait comme la dernière des pestes. Alors l’occasion était belle pour les deux filles pour se rattraper et essayer de se comporter comme deux adolescentes de dix-huit ans qui savent communiquer.

« Ne t’inquiète pas, il y a plus grave que ça … »

la rassura-t-elle enfin.

Il n’y avait même pas besoin de fournir des exemples, Yoriko devait déjà en avoir un paquet. Si Ayumi savait qu’elle subissait pire que cette pauvre égratignure … Enfin bref. Son estomac commençait à se faire sentir et gargouillait désagréablement, ce qui avait toujours le don de rendre Ayuyu furieuse. C’est vrai quoi, non seulement la sensation de faim est horrible mais en plus ce bruit indescriptible est vraiment gênant ! Enfin, avec le temps elle était parvenue à s’y habituer et c’était tant mieux vous me direz.

« Il ne nous reste plus qu’à attendre. »

Ayumi se tourna vers Yoriko qui avait entièrement raison, et hocha simplement la tête de haut en bas, signe d’approbation à ce qu’elle venait de dire. La demoiselle reporta alors son attention qui avançait d’un ou deux centimètres par cinq minutes. Comme elle n’était vraiment pas grande, la demoiselle se hissait sur la pointe des pieds pour voir quelle distance les séparait encore du self. Eh bien, elles avaient encore le temps … Elle se reposa sur ses deux pieds bien ancrés au sol et jeta des coups d’œil partout autour d’elle. Les tables étaient déjà toutes prises, mais avec la file qui restait encore et elles vers la fin, elles risquaient de devoir manger debout ou d’attendre. Ce qui risquait de ne pas plaire à la demoiselle, mais la faim l’emportait toujours au confort et elle ne protesterait que peu.

Le temps passait inexorablement, et la file diminuait mais pas à vue d’œil. Au final, elles arrivèrent bientôt au niveau du self. Ayumi n’avait pas réengagé la conversation, ayant trouvé que Yoriko n’y avait pas l’air encline. De toute façon, pour le moment elle avait tellement faim qu’aucun sujet de discussion ne lui serait venue à l’idée. Et puis devant une fille quasi muette, on ne savait jamais trop quoi dire, non ?
Ce fut au tour d’Ayuyu se se servir, et elle choisit des légumes sautés avec du porc pané. Elle récupéra les assiettes et les baguettes, et se tourna vers Yoriko pour lui demander poliment :

« Et toi, que prendras-tu ? »

Puis elle avait à nouveau reporté son attention sur son plateau qui était désormais rempli. Il n’y avait plus qu’à se récupérer une boisson et tout serait ok. Le soir, Ayu’ n’était pas très soda ou jus de fruits et elle opta pour de l’eau. Elle se servit donc au distributeur et se décala sur le côté en attendant que sa compagne ait choisi son propre repas. Ce qui ne tarda pas trop puisqu’elle la rejoignit bien assez vite.
Les deux jeunes filles arpentèrent la salle de long en large pour dénicher une place, qu’elles trouvèrent au bout de deux ou trois longues minutes de recherche.
Elles prirent donc place sur cette table réservée pour deux personnes, parfait pour elles. Puis Ayumi joignit ses mains et avant de lui souhaiter bon appétit elle poussa un soupir de soulagement :

« J’ai cru qu’on ne trouverait jamais de place ! Itadakimasu !! »

Puis elle lança un sourire qui se voulait amical à la demoiselle en face d’elle et commença à plonger ses baguettes dans ses divers plats. Son estomac allait enfin la laisser tranquille !

Yoriko se figeât suite à la remarque d’Ayumi. Bien sûre qu’elle savait qu’il y avait pire que ça dans la vie. Elle était même très bien placée pour le savoir. Des exemples ? Elle pourrait en fournir des tas, simplement en parlant de sa vie. Elle eut un léger frisson à cette pensée, a chaque qu’elle pensait à sa vie, son père lui revenait à l’esprit. Depuis qu’elle était petite, elle espérait qu’il allait changer. Elle faisait même des efforts, pensant qu’il commencerait à l’aimer. Qu’est-ce qu’une fillette pouvait comprendre ? Elle se sentait coupable, se disait que tout ça était de sa faute. Mais en grandissant, elle avait finalement compris que son père n’en avait rien à faire de la voir heureuse ou non. Mais pas seulement lui, les autres aussi.

-Oh ça oui, je sais !

Elle avait parlé sans même s’en rendre compte. C’était sortit tout seul…et sans doute trop vite pour paraître normal aux yeux d’Ayumi. Et pourtant Yoriko ne s’en préoccupa même pas, autant continuer à paraître normal…enfin, telle qu’elle l’était. Même si elle devait paraître un peu pâle. Elle ne se sentait pas très bien à vrai dire. Ce n’était pas physique, mais mental cette fois, elle avait l’impression de sentir l’ombre de se père au dessus d’elle.
La jeune fille avançait désormais comme une automate, elle ne faisait plus vraiment attention à ce qui l’entourait. A vrai dire, elle suivait simplement Ayumi qui heureusement n’avait pas l’air de vouloir bavarder. Et de toute façon, pas sûre que Yoriko aurait pu lui répondre sérieusement.

Les minutes défilaient et les jeunes filles progressaient en silence dans la fille. Yoriko essayait du mieux qu’elle le pouvait de chasser ses idées de sa tête. Ayumi commença à prendre ce qu’elle voulait tandis qu’elle-même restait plantée là à fixer la nourriture. Ce n’est que quand l’autre jeune fille lui parla qu’elle réagit. Par automatisme, elle pris la même chose qu’Ayumi sans vraiment y faire attention et la suivit sans même lui répondre. Une fois face à la machine, elle pris un jus d’orange et se remit à suivre Ayumi qui s’était mis à la recherche d’une petite place pour elle. Il leur fallu plusieurs minutes pour trouver enfin où s’asseoir. Mais une fois sur sa chaise, Yoriko poussa un soupir de soulagement. Contente de pouvoir enfin manger.

-Itadakimasu !

Ce fut la seule réponse qu’elle donna à Ayumi, ça et un hochement de tête. Elle se mit alors elle aussi à manger. D’une certaine manière, la présence de la jeune fille apaisait Yoriko et la calmait, si elle s’était retrouvée seule, elle aurait sans doute laissé libre cours à ses pensées et sa tristesse. Et à l’heure qu’il était, elle serait déjà dans sa chambre en train de pleurer en pensant à son retour chez elle…enfin…chez son père.

-Ano…

Yoriko avait relevé la tête, mais l’avait rapidement rabaissée. Etrangement, elle ressentait le besoin d’exprimer ça à Ayumi, mais elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Il faut dire que depuis le temps qu’elle cachait tout ce qu’elle ressentait en elle, elle avait perdu l’habitude de parler d’elle. Elle pris finalement une grande inspiration. Il fallait qu’elle essaie de faire un peu plus d’effort avec les autres.

-Je suis contente que tu sois là…

Elle avait dit ça d’une traître, les yeux fixer sur son assiette. A bien y réfléchir, elle ne savait même pas si elle avait réussi à formuler sa pensée tout haut. Mais si Yoriko avait été capable de réfléchir correctement après tout ce qui s’était passé aujourd’hui, elle se serait rendue compte que son comportement devait être très déconcertant.

Date d'inscription : 13/05/2009

Ce qu’Ayumi lança sembla faire l’effet d’une douche froide à Yoriko. Lorsqu’elle avait dit qu’il y avait plus grave que de se taper une file d’attente de trois kilomètres, exagérée par la demoiselle bien évidemment, il lui avait semblé que son interlocutrice savait de quoi elle parlait. La jeune femme regardait donc Yoriko un peu surprise, lorsqu’elle avait lancé un « oh ça oui, je sais ! » assez vif. Elle devait sûrement avoir vécu pire que cela, et puis Ayumi aussi maintenant qu’elle y pensait. Et il n’était vraiment pas difficile de trouver pire que de poireauter un bon quart d’heure au réfectoire de son lycée. Comme par exemple se disputer avec son meilleur ami que l’on connaît depuis belle lurette et dont on est tombée amoureuse ! Oui ça c’est vraiment une sensation bien plus désagréable que d’attendre son tour au self. Si elle pouvait remonter le temps pour éviter sa dispute avec Daisuke, elle en aurait fait des files d’attente la Ayuyu ! Je peux vous le dire ! Disons qu’elle regrettait ces tensions avec son meilleur ami, mais il avait sa part de culpabilité dans l’histoire aussi, il n’avait vraiment pas joué dans la finesse et la dentelle …

« C’était une phrase stupide, c’est tellement facile de trouver pire que d’attendre à la cantine … »

soupira-t-elle en pensant à ses propres problèmes et en se disant que Yoriko avait les siens aussi.

Le temps défilait tranquillement, nullement pressé d’activer le mouvement. En même temps, celui qui un jour saura commander le temps sera sacré président, pape et roi du monde ! Bref, au fur et à mesure que les aiguilles de la pendule du réfectoire et de la montre d’Ayu’ tournaient, des élèves se faisaient servir et allaient s’asseoir, ce qui faisait petit à petit diminuer la file d’attente au grand plaisir de la jeune femme dont le ventre commençait sérieusement à la torturer violemment. En plus, déjà que d’ordinaire elle avait un caractère bien trempé, lorsqu’elle avait faim elle pouvait se montrer profondément désagréable ! Là elle faisait d’innombrables efforts devant Yoriko avec qui elle avait déjà été assez sèche auparavant dans la journée. Il ne fallait pas que cette dernière la prenne pour un monstre non plus ! Déjà qu’elle ne paraissait pas très sociable, si en plus la membre la plus dévouée –aïe les chevilles !!- du Comité des Elèves l’effrayait, ce n’était pas gagné.
En tout cas ce fut enfin le tour des deux jeunes filles d’arriver devant le self. Ayumi s’empressa de remplir copieusement son plateau avec du porc pané et des légumes sautés, un de ses plats favoris si l’on omettait les ramen et les soba, puis elle demanda ce que prendrait Yoriko. Finalement cette dernière ne répondit pas mais prit la même chose qu’elle. Elle devait vraiment être perdue dans ses pensées pour réagir si peu à la conversation que tentait désespérément de faire Ayuyu ! Cette fille était une grande bavarde désormais, tout le contraire de la fille qu’elle était lorsqu’elle était plus jeune ! D’ailleurs, au niveau de l’attitude, Ayu’ avait l’impression de se voir huit ans en arrière lorsqu’elle observait son interlocutrice. Timide, renfermée, peu encline à la discussion et répondant à demi-mots ou par signes de têtes … Elle était exactement comme ça. Et elle pouvait remercier ses débuts au théâtre et sa rencontre avec Daisuke pour l’avoir sociabilisée !

Une fois servie, Ayumi n’avait pas attendu Yoriko, lui faisant comprendre qu’elle allait se dépêcher de trouver des places de libre, ce qui tarda à arriver quand même. Le réfectoire était bondé, et c’était vraiment le chaos pour tenter de ne pas manger par terre. En trois ans de scolarité à Fuyu, cela n’était jamais arrivé à Ayuyu de manger par terre et ce n’était pas ce soir qui allait changer ce fait ! La jeune fille trouva enfin une table pour deux qui venait d’être libérée, alors elle avait fait signe à Yoriko de la rejoindre et elles avaient pris place. Elles s’étaient ensuite mutuellement souhaité un bon appétit et le tour était joué !
Alors que la demoiselle enfournait un énième morceau de porc dans sa bouche à l’aide de ses baguettes, la voix de son interlocutrice se fit entendre à sa grande surprise :

« Je suis contente que tu sois là… »

La jeune fille lui sourit gentiment et posa ses baguettes. Elle croisa ses mains au-dessus de son plateau et dit :

« Il me semble que tu as dis être nouvelle, non ? Je me suis dit que tu ne devais pas connaître grand-monde à Fuyu et il est de mon devoir …. »

Il fallait qu’elle arrête de tout cacher derrière ses obligations de membre du Comité, et qu’elle avoue sincèrement que ça ne la dérangeait pas de manger en compagnie de Yoriko !

« Gomen, je veux dire, comme tu ne dois pas connaître grand-monde, je n’allais pas te laisser manger toute seule quand même ! Et puis … Ano … Ca me fait plaisir. »

Ayumi sourit à nouveau. Elle reprit un peu de viande et de légumes et puis continua :

« Tu étais où avant de venir ici ? »

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Après l'effort, le réconfort ... Itadakimasu !! [PV - Yoriko]

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