Yumi : …Bon Kiki, t’as intérêt à venir ici parce que c’est super important. Et si tu viens pas, j’te pète la tronche la prochaine fois qu’on se voit, et tu sais que j’suis sérieuse mouahaha ! Bon allez, à tout d’suite, sinon j’dis à tout le monde qu’en vrai… Euh… T’as du mal à accepter le fait que tu sois attiré par les poissons rouge.

Non mais c’était quoi cette fille ? Une plaie ambulante oui. Et pour quoi lui ? La bouche entrouverte par la surprise que lui avait causée ce message sur sa boîte vocale, Akira baissa lentement son bras pour enfin refermer son téléphone. Il avait eu raison de ne pas décrocher en voyant le nom d’Hasegawa s’afficher sur son écran. Rien de bon n’arrivait jamais dès qu’elle s’immisçait dans sa vie. Et puis c’était quoi cette menace à la noix, il n’était pas du tout attiré par les poissons rouges. Si ses anciennes petites amies entendaient ça, elles risqueraient de mal le prendre. Quand à se faire décoller la tête… Il était vaguement impressionné. Bref autant dire qu’il n’allait pas rejoindre cette furie à l’opposé de là où il était par crainte. Ce petit jeu entre eux duré depuis un moment et même si Akira ignoré pourquoi elle s’acharnait particulièrement sur lui, il avait fini par s’attacher à elle et à ne voir que le côté amusant des situations embarrassantes dans lesquelles elle les mettait tout les deux. Soupirant un grand coup d’exaspération devant ce qu’il s’apprêtait à faire, il s’excusa auprès de la jeune fille qu’il venait de rencontrer et qu’il devait déjà abandonner. De toute manière, il était parvenu à ce qu’elle veuille lui donner son numéro de portable pour qu’il la rappelle. Quittant la boutique dans laquelle il se trouvait à l’instant, il glissa ses mains dans ses poches et emprunta l’escalator afin de rejoindre le hall du centre commercial. D’un pas nonchalant, il quitta les lieux sans vraiment d’appréhension face à ce qui risquait de lui arriver d’ici quelques minutes. Où avait-elle dit qu’elle se trouvait déjà ? Devant le magasin de confiserie… Rien de réellement étonnant en soi bien que Akira ne comprenne pas comment une fille aussi fluette qu’elle puisse réussir à s’enfiler autant de sucette sans prendre de rondeurs disgracieuses. Autant dire qu’elle était en tout point un vrai mystère pour lui. Alors pourquoi s’acharnait-il à toujours faire ce qu’elle lui ordonnait de faire. Ca ne lui ressemblait pas mais connaissant les situations dans lesquelles elle était capable de les fourrer, il préférait être là. On ne sait jamais. Car, même si il ne le reconnaitrait pas devant elle, il se faisait toujours plus de soucis pour elle que pour lui.

Shootant dans un caillou, Akira avançait peu convaincu le long du trottoir qui le menait à elle, il était encore temps de faire demi tour. Il n’aurait qu’à lui dire qu’il n’avait pas vu son message tout de suite, trop occupé à faire la conversation à une jeune et jolie demoiselle, qu’elle pouvait bien lancer n’importe quelle rumeur sur son compte ou tenter de le taper, il n’en avait rien à faire. Le pire c’est qu’effectivement il n’en avait rien à faire alors pourquoi se pliait-il encore à son bon vouloir ? Il dut arrêter de se torturer l’esprit en l’apercevant de loin lui faire un signe devant la boutique de bonbon. Il allait lui répondre lorsqu’elle se précipita à l’intérieur sans l’attendre. Pressant le pas, Akira ne put s’empêcher de pesta contre elle de le faire accélérer comme ça. Il était presque arrivé à hauteur de la vitrine lorsqu’il la vit ressortir en courant de la boutique, les mains chargées à blocs de friandises, et se précipiter sur lui pour lui confier la totalité de ce qu’elle portait.

Yumi : Bon. Et surtout, tu bouges pas !

Akira : Qu… Quoi ?

Mais déjà, Yumi avait mis de la distance entre lui et elle. Les bras immobilisés par la charge, les yeux écarquillés de stupeur et n’osant pas vraiment bouger, il entendit cela dit le vendeur sortir en hurlant après Yumi. Il allait se mettre à courir derrière elle, lorsqu’elle revint à son niveau, le surprenant par la même. Soulagé de la voir, il tendit les bras pour lui rendre son butin mais au lieu de récupérer l’ensemble, Yumi ne prit que ce qui l’intéressait : une sucette bien sûr !

Yumi : Ben oui quand même… On n’oublie pas les sucettes comme ça !

Akira : Nom de… Yumi t’es vraiment chiante !

Il n’eut pas le temps de poursuivre ses insultes à l’adresse de sa camarade car une main ferme lui avait agrippée l’épaule comme pour l’empêcher de fuir. Tournant rapidement la tête pour comprendre de quoi il s’agissait, il ne broncha pas de voir le vendeur le retenir d’une main, reprendre sa respiration en prenant appui sur ses genoux de l’autre et peinant à aligner de mots dans le bon ordre pour donner une phrase compréhensible. Se dégageant cela dit de l’emprise du bonhomme, Akira attendit qu’il se relève pour l’empêcher coûte que coûte de s’enfuir, et lui confia tout le larcin de sa camarade sans une once de délicatesse. D’un regard vide, le vendeur dévisagea Akira à la recherche d’une explication à ce qui venait de se produire, les bras maintenant cependant la marchandise rendue.

Akira : Je suis pas dans la combine moi ! Oh et, il manque une sucette ! Cette furie l'a gardé…

Vendeur : De… De toute manière… J’ai appelé la police !

Haussant les épaules, Akira pensa l’espace d’une seconde que si elle se faisait choper, bien qu’il en doute, elle l’aurait tout de même mérité. S’apprêtant à repartir sans plus d’explication, il aperçut au loin la police en grande conversation avec… Yumi ?! Soupirant d’agacement, il se tourna rapidement vers le vendeur et lui fila assez d’argent pour régler la sucette volée avant de courir dans la direction de sa camarade devant le regard abasourdi du vendeur.

Akira : C’est pour la sucette volée… Gardez la monnaie !

Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver à leur hauteur. Sans réfléchir, il s’interposa entre Yumi et l’agent de police, un large sourire sur les lèvres.

Akira : Désolé du dérangement m’sieur l’agent ! Mais le problème est réglé… Regardez vous-même…

Montrant du doigt l’endroit où se trouvait encore le vendeur, serrant fermement l’argent d’Akira dans sa main droite et tentant de ramasser les bonbons tombés par terre de l’autre. Il ne leur prêtait pas la moindre attention et ne semblait pas non plus attirer l’attention de la police. Profitant que l’agent soit occupé à interpeller le vendeur pour lui demander si tout allait bien, Akira baissa ses sur Yumi et lui adressa le pire regard noir qu’il soit capable de faire. Une vraie gamine celle là ! Se retournant précipitamment vers l’agent de police en l’entendant parler, Akira retrouva son sourire angélique et sa bonne bouille avant de hocher la tête favorablement lorsque son interlocuteur lui conseilla de faire attention la prochaine fois. Sans bouger il le regarda s’éloigner et dès qu’il fut assez loin, il se retourna sur la jeune fille sans aucune délicatesse.

Akira : Non mais c’est quoi le problème chez toi ? Tu veux ma mort c’est ça !