Ken remarque que je reste très focalisée sur l’aspect féminin du basket. Avec cheerleaders et autres groupies en furie. Moi, psychoter? A fond. Ce que j’ai vu cet après-midi depuis les gradins ne va pas en me rassurant. Limite j’aurais pu me faire bouffer par les filles juste derrière moi.

-Bah j’ai de quoi en même temps…

Je réponds timidement en jouant avec mes mains, le regard posés sur mes pieds. Inoffensive la petite Hikaru, hein? Qu’elles essaient d’approcher toutes ces pimbêches. Je vais me mettre au karaté rien que pour défendre mon territoire. Je ne suis pas possessive, juste un peu jalouse. Je n’ai pas attendu ce moment pendant toutes ces années pour voir Ken partir avec une autre. Enfin, c’est ce que je dis mais je serais bien incapable de dire quoi que ce soit. C’est à peine si j’arrive à décrocher un bonjour le matin en croisant quelqu’un que je connais, comment pourrais-je tenir tête face à une potentielle rivale? Il me reste beaucoup de chemin à faire…

-Mais tu as raison. Je devrais faire plus attention aux joueurs. Parait qu’il y a du niveau chez tes coéquipiers!

Je lance pour rebondir sur sa plaisanterie, le tout accompagné d’un rire et d’un regard amusé. C’est ce que disent les bruits de couloir. Mais tout le monde est d’accord sur un point: difficile de rivaliser avec un capitaine pareil. La concurrence est rude dans l’équipe de basket d’Hikakuen, autant chez les joueurs que chez les supporters.

Trêve de plaisanterie, je file me débarbouiller et me changer dans la salle de bain que m’a indiqué Ken. Aussi nickel que la chambre, après un bref arrêt sur la baignoire de mes rêves, je me débarbouille et enfile les vêtements prêtés par Ken. Larges à souhait et ultra confortables. Avec une légère odeur de lessive toute fraîche. Le pied total. Je ressors, mes vêtements dans les mains, faisant remarquer je suis prête à rejoindre l’équipe de basket ou à faire du rap, le tout suivi d’une brève imitation débile. Mais ça suffit à faire rire le jeune homme qui lisait un magazine. Il m’apprendra à faire des paniers. Il ne sait pas dans quoi il s’engage.

-J’espère que tu es patient parce que je ne sais pas viser.

C’est bien beau de raconter des bêtises, mais le jogging commence à glisser doucement. D’une main, je stoppe sa descente avant qu’il ne finisse sur mes chevilles. Mauvaise surprise. Si à chaque fois que je fais un mouvement je dois le rattraper, ça va être sympathique. Gênée, je demande à Ken si je peux l’enlever. Dans le même état que moi, il me réponds que c’est ok. Bah alors Hikaru, c’est le premier jour et on fait déjà un strip-tease? Dieu seul sait ce qui va se passer ensuite. Je pose mes vêtements sur un coin du bureau et lâche le jogging qui finit instantanément sa course par terre. Il n’y a pas à tortiller, c’est sûr. Je ramasse le vêtement et le pose avec les miens.

Cette histoire semble être de trop pour Ken qui essaie de s’éclipser, indiquant qu’il sera dans la chambre juste à côté. Hein? Déjà? Mais non! Tout est bien trop grand pour deux personnes ici. Et imagine que quelqu’un entre dans la chambre demain et que je sois toute seule? La honte! Nan tu peux pas partir! J’aurais aimé lui sortir de but en blanc ce genre de chose, mais évidemment je n’en suis pas capable. Je lui demande timidement de rester avec moi, sans raison particulière, les yeux brillant. Ca marche à tous les coups et j’en ai, une fois de plus, la confirmation. Ken accepter bien qu’un peu surpris. Yes!

Il revient dans la pièce et m’invite à m’allonger dans le lit. Je m’exécute sans me faire prier. Le meilleur moment de la journée arrive enfin. Le jeune homme troque la lumière trop vive au plafond contre la lampe de chevet, plus douce. Il prend place à côté de moi et la chambre se retrouve plongée dans le noir. La fatigue semble être encore plus forte d’un coup. Ken passe un bras autour de mes épaule si bien que je pose doucement ma tête sur son torse tout chaud. Il me prévient que son corps d’athlète risque d’être inconfortable car trop dur. Je préfère ça plutôt que rien du tout.

-Si c’est toi c’est forcément confortable.

C’est mignon. Sauf que je n’ai absolument pas capté ce que je viens de dire… et quand je m’en rends compte je rougis comme une pivoine. Heureusement qu’il fait noir. Ultra gênée, je ne sais plus où me mettre. Bon, il est temps de dormir. Il y en plus que besoin là.

-Ano… Bonne nuit.

Certes. Il manque quelque chose pour que je puisse dormir en paix. Je dépose un petit bisou sur la joue de Ken toute douce et me réinstalle confortablement, la tête toujours posée sur son torse. Je glisse timidement une main sur son ventre et me laisse bercer par les battements de son cœur. Finalement ses bras deviennent ceux de Morphée et je sombre vite dans le pays des rêves.